ActualitésMémoire & Histoire24 octobre 1940, les fantômes de Montoire

24 octobre 1940, les fantômes de Montoire

Le 24 octobre 1940, Pétain serrait la main d’Hitler. La France, pays des Lumières et des droits de l’Homme, se reniait en se jetant dans les bras de son bourreau, inaugurant la « Collaboration ». Vichy n’avait d’ailleurs pas attendu cette entrevue pour sombrer dans le « racisme d’Etat ». Le 3 octobre 1940, quelques jours plus tôt, Pétain publiait la « loi portant statut des Juifs ».

Evoquer Montoire, en 2016, 76 ans après les faits peut paraître inutile à certains, passéiste à d’autres.

Pourtant, l’actualité nous invite chaque jour à devoir convoquer l’Histoire. C’est elle qui nous permet de faire oeuvre de vérité face aux « salisseurs de mémoire », pour reprendre une expression célèbre de Michel Audiard, et remettre l’extrême-droite à sa place.

Rappeler Montoire, c’est dire combien l’extrême-droite est faite de cette haine et de cette trahison scellée en ce matin brumeux d’octobre 1940. C’est montrer que ses héritiers, qui voudraient de se faire passer pour des patriotes et des défenseurs de la République, sont affiliés à une tradition historique qui a pris les armes contre la liberté et contre la France.

Rappeler Montoire, c’est dire que l’extrême-droite, dure ou molle, maquillée ou sans fards, n’a jamais renié Vichy. Au contraire, elle vante la prétendue qualité de vie sous l’Occupation, ratiocine sur l’existence des chambres à gaz et s’abonne à Rivarol. Elle termine maintenant ses discours par « Vive la République » mais revendique d’être « saoulée par ses valeurs qu’on nous sert en permanence ». Elle prétend ne plus être fasciste, comme l’a déclaré récemment un élu du Front National, mais fait des selfies en Autriche avec des groupuscules néonazis. Elle exhibe sa « France apaisée » mais appelle à la délation des réfugiés. Elle cite de Gaulle mais s’endort avec Maurras. Elle invoque la laïcité mais prie, en bonne pétainiste, pour que notre pays redevienne « la fille aînée de l’Eglise ».

Rappeler Montoire, cette poignée de main indigne et scélérate, c’est aussi démontrer l’inanité de la tentative de réhabilitation du régime de Vichy entreprise par certains, dont Eric Zemmour, historien de galeries marchandes, qui voudrait transformer le Maréchal Pétain en Juste parmi les Nations.

Rappeler Montoire, c’est dire que les mécanismes qui conduisent au déshonneur sont toujours les mêmes et précèdent toujours ceux qui mènent vers l’abîme.

Rappeler Montoire, c’est « secouer les inerties, troubler les quiets et réveiller les morts » (Lucien Febvre). C’est garder toujours à l’esprit cette mise en garde : nul n’est forcé d’être un héros, mais il n’y a pas de fatalité à être un lâche.

Alain Jakubowicz, Président de la LICRA

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