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Commission mémoire, histoire & droits de l’homme

Stéphane Encel

Président de la Commission mémoire, histoire & droits de l'homme

La commission Mémoire, Histoire, Droits de l’Homme s’est fixé comme objectifs de donner à la LICRA les éclairages liés aux enjeux de mémoire et à mobiliser le passé au service de combats toujours actuels.

Le travail de mémoire

La construction d’une mémoire commune, aux fondements républicains, est un enjeu central dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. La commission MHDH a engagé en 2017 plusieurs chantiers :

  • Démarche pour faire figurer les dates du 7 avril (pour le génocide des Tutsi) et du 24 avril (pour le génocide des Arméniens) dans les listes préfectorales des dates commémoratives
  • Discussion sur les auteurs antisémites Céline, Maurras etc.
  • Un travail sur les archives de la LICRA
  • Quelques initiatives locales qui, un peu plus que par le passé, sont menées dans la conscience de l’existence de la commission, sont à saluer : ainsi par exemple la belle démarche de la section de Limoges pour introduire dans cette ville, à l’imitation des Stolpersteine allemandes des pierres du souvenir, en l’occurrence en porcelaine, qui feront trébucher les passants sur les aspérités du souvenir

La mémoire des génocides : le cas du Rwanda

À l’initiative d’Alain David, la commission « Mémoire Histoire Droits de l’Homme » de la LICRA s’est réunie le 24 mai 2018 à la faveur d’un séminaire fondateur afin de faire le point sur les problématiques liés au génocide des Tutsi et aux combats, toujours actuels, que nous voulons mener.

La réunion a rassemblé une trentaine de personnes autour de Guillaume Ancel, auteur de Rwanda, la fin du silence (Les Belles Lettres, 2018). Il était d’emblée entouré de plusieurs personnalités, chercheurs, témoins et militants :

  • Géraud de la Pradelle, professeur émérite de droit international à l’université de Paris X Nanterre, ancien président de la Commission d’enquête citoyenne pour la vérité sur l’implication française dans le génocide Tutsi, et auteur entre autres de Imprescriptible. L’implication française dans le génocide des Tutsi portée devant les tribunaux (Les Arènes, 2005)
  • Patrick de Saint-Exupéry, journaliste. Il était au Rwanda pour Le Figaro pendant l’opération Turquoise. On lui doit le livre Complices de l’inavouable (Les Arènes, 2009). Il est également le fondateur de la revue XXI, dont le numéro de juin 2017 apporte des éléments inédits.
  • Annie Faure, médecin pneumologue, présente au Rwanda d’avril à juillet avec Médecins du monde, auteure en 1995 de Blessures d’humanitaire (Balland 1995)
  • Aymeric Givord, gérant de société, président de Rwanda main dans la main, membre du Conseil d’administration de Ibuka
  • François Graner, physicien, directeur de recherche au CNRS, membre de l’association Survie, auteur de Le sabre et la machette. Officiers français et génocide tutsi (Tribord, 2014)
  • Marcel Kabanda, président de Ibuka France est également membre de la Licra, historien, auteur (avec Jean-Pierre Chrétien) de Rwanda, racisme et génocide. L’idéologie hamitique (Belin, 2013)
  • Rafaëlle Maison, professeure de droit public à l’université de Paris Sud (Paris XI) auteure récemment de Pouvoir et génocide dans l’oeuvre du tribunal pénal international pour le Rwanda (Dalloz, 2017), et de Justice pénale internationale (PUF, 2017)

Guillaume Ancel a rappelé d’emblée d’où il s’exprimait. Sa parole est celle d’un ancien officier français qui propose un récit complet et un témoignage cohérent de ce qu’il a fait et vu au Rwanda au moment du génocide des Tutsi. Il a tenu à rappeler qu’il y avait eu en réalité deux « Opération Turquoise ». La première qui consistait, à l’origine, à rétablir par la force un gouvernement, celui du parti hutu au pouvoir, menacé par l’avancée des rebelles tutsi. La deuxième a consisté, par un retournement de dernière minute, à organiser une opération humanitaire devant l’exode des populations. A aucun moment la France ne s’est engagée militairement contre les génocidaires.

L’ancien officier français s’est également longuement attardé sur l’omerta qui a frappé la France au sujet du génocide des Tusti. Cette omerta venant dans la plupart des cas des soutiens de François Mitterrand. Elle a ouvert la voie à une forme plus ou moins larvée ne négationnisme qui ressurgit aujourd’hui sous diverses formes, y compris à la faveur de travaux prétendument universitaires.

Le reste des débats a porté notamment sur la pression judiciaire à laquelle ceux qui travaillent sur ces question sont soumis (Patrick de Saint Exupéry), sur la question du relativisme raciste qui pèse sur la mémoire du génocide, sur la nécessité d’étayer cette mémoire, et notamment celle des femmes, par une collecte de témoignage et une compréhension globale de tous les crimes commis dans le cadre du génocide, et enfin sur la question des relations entre la France et le Rwanda. A cette occasion a été soulevée une nouvelle fois le problème de la commémoration de la journée du 7 avril dont la LICRA a demandé au Premier Ministre l’inscription dans les commémorations nationales mais aussi celle de l’ouverture des archives dont la résolution n’adviendra qu’à l’issue d’une longue série de « poupées russes » à plusieurs détentes, l’accès aux archives officielles trouvant une limite dans l’accord obligatoire et explicite qui doit être donné par les émetteurs et récepteurs des documents.

Pour conclure, Alain David a rappelé la volonté d’implication toujours plus grande de la Licra, le génocide étant désormais pour elle un horizon de travail impérieux qui nous oblige :

« toucher à la question du génocide c’est, comme le dit si bien le livre de Stéphane Audoin-Rouzeau, entrer dans un domaine dont on ne sortira plus, c’est s’initier et devenir un initié, c’est s’élever en humanité. Cette soirée nous a appris que l’Impossible en ses diverses modalités, et que nous avons en permanence la tentation d’effacer en le situant là-bas très loin, au Rwanda ou ailleurs, est ici, au plus intime et au coeur de nos vies, et que ne pas détourner le regard est le moindre que nous avons à faire. »

Alain David

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