INTERVENTION DE PATRICE BILGORAI – Président de la LICRA Nîmes – 8 novembre 2018
Reconduction de la Convention Départementale avec les Forces de Police et de Gendarmerie
M. Le Directeur de Cabinet, Mme La Directrice Départementale de la Cohésion sociale, Monsieur le Directeur Départemental de la Sécurité Publique du Gard, Madame la Directrice Départementale de la Sécurité Publique du Vaucluse, Monsieur le Directeur Départemental de la Sécurité Publique des Bouches-du-Rhône, Monsieur le Colonel, Commandant du Groupement Départemental de Gendarmerie Nationale, Monsieur le Directeur de l’Ecole Nationale de Police, Monsieur le chargé de mission pour la lutte contre la radicalisation, Mesdames, Messieurs, Chers amis.
A cet instant, Monsieur le Directeur de Cabinet, Messieurs les Représentants des forces de l’ordre, je veux vous dire combien je suis heureux de signer cette nouvelle convention. Et je veux saluer une nouvelle fois la qualité exceptionnelle des relations qui sont les nôtres dans ce département et avec elle, l’exemplarité des actions conjuguées contre le racisme et l’antisémitisme que nous menons ensemble depuis six ans.
Mais je veux redire qu’agir avec les Pouvoirs Publics est dans la culture de notre association, une part de son identité, de son ADN.
Son ADN faut-il le rappeler c’est aussi son indépendance à l’égard de toute formation et couleur politique, à l’égard de toute philosophie ou croyance religieuse, à l’égard de toute communauté. Son combat est un combat pour une société fraternelle, pour une nation de citoyens libres dans une république laïque. L’antiracisme de la Licra est universaliste et il ne distingue pas la couleur de peau, et ne s’adapte pas aux circonstances, Il s’oppose à tous les replis identitaires, à tous les communautarismes qui minent la cohésion nationale. L’ADN de la Licra c’est la défense de toutes les victimes d’actes racistes et antisémites y compris lorsqu’elles sont des fonctionnaires de Police ou de gendarmerie dans le cadre de leur quotidien professionnel.
La LICRA s’oppose aussi à l’offensive idéologique qui depuis quelques temps, voudrait faire croire que le racisme et l’antisémitisme dans notre pays seraient le fait de nos institutions, que la Police serait raciste. Le dérapage toujours possible de certains policiers ou gendarmes ne sauraient justifier tous les amalgames et encore moins l’agressivité et les violences à leur encontre. Notre association s’oppose à tous ceux qui nourrissent la haine de la République : ceux qui parlent de « racisme d’Etat » tout comme les tenants de l’islamisme ou d’une idéologie indigéniste et néo raciste. Toutes ces postures relèvent de la manipulation et doivent être combattues.
Telles sont nos convictions. Elles guident chaque jour notre action.
Pour mémoire, c’est à partir d’un constat partagé « que le racisme et l’antisémitisme constituent une rupture du pacte républicain et une menace pour la démocratie » que la Licra et le MI signent le 1er juillet 2010 une convention cadre qui a pour objectif de mutualiser leurs efforts pour rendre plus efficace les actions de lutte contre le racisme. En novembre 2012 la Licra Nîmes et les forces de Police et de Gendarmerie signent ici même la première convention départementale qui sera reconduite en novembre 2015.
La Convention que nous allons signée aujourd’hui, outre les actions de formation et de sensibilisation dans le cadre de la formation initiale et continue des policiers et gendarmes, prend en compte désormais, et sur proposition de notre association, les actions innovantes que nous menons ensemble depuis plusieurs années. Une troisième convention qui met en évidence l’exception gardoise avec des actions qui peuvent prendre la forme, d’expositions, d’échanges-débats, de films sur la thématique du racisme et de l’antisémitisme : “Des actions qui pourront (comme le souligne cette troisième convention) opportunément favoriser le rapprochement entre lycéens, collégiens, les forces de l’ordre et les élèves policiers.”
Des actions qui font de ce département un laboratoire en matière de partenariat entre la LICRA et les forces de police et de gendarmerie.
Pour mémoire depuis la signature de la première convention départementale en novembre 2012 :
– La LICRA Nîmes a été, la seule section en France, invitée aux Assises locales, puis territoriales de la Formation Initiale de la Police Nationale
– Elle est intervenue auprès de plus de 7000 élèves Gardiens de la Paix à l’Ecole de Police
– Chaque année elle intervient également auprès des nouveaux effectifs de Police du département
– Et est intervenue auprès des 3/4 des gendarmes du département, des commandants de brigade…
– Deux expositions ont été accueillies à l’Ecole de Police, l’une sur « l’antisémitisme du Moyen-âge à nos jours » en janvier 2015 à l’occasion du 70ème anniversaire de la libération des camps, l’autre sur l’Histoire de la laïcité en mai 2017.
– La même Exposition sur l’antisémitisme a été visible dans le hall d’accueil de l’Hôtel de Police durant tout le mois de juillet 2015.
– Depuis trois ans notre association mène des actions communes avec la D.D.S.P et le C.L.J autour de la Semaine de l’Education contre le Racisme qui permettent de sensibiliser des centaines de collégiens accueillis à l’Hôtel de Police. (à l’adresse de la presse locale) Je vous renvoie à ce dont vous avez-vous-mêmes largement rendu-compte.
Nous souhaitons poursuivre et développer pour l’avenir, les initiatives engagées sur le plan local et en même temps bien sûr, ne pas fléchir bien au contraire, sur la première ambition de notre convention sur le plan national qui vise à améliorer l’accueil des victimes de racisme en poste de Police et de Gendarmerie. Si en Angleterre et au Pays de Galles on recense chaque année environ 40000 plaintes, nous en comptons environ 10 fois moins en France. La prégnance du racisme ordinaire dans ce département est un constat partagé qu’a souligné la réunion d’évaluation de notre convention le 18 septembre. Notre département ne fait pas exception : les plaintes en poste de Police et de Gendarmerie ne sont pas significatives de l’ampleur du phénomène. Vous avez rappelé Messieurs les représentants des forces de l’ordre, le peu de faits de violences. Les injures, provocations ou diffamations restent les faits les plus nombreux.
La pré-plainte en ligne doit nous laisser espérer que victimes et témoins feront davantage la démarche. Nous savons, qu’il n’est pas chose aisée d’aller déposer plainte. Pourtant, la plainte, le récit de la victime constituent des éléments de réparation, même si 95 % des plaintes seront classées sans suite, faute de preuves juridiquement valides. Cette question constitue un enjeu majeur. La plainte constitue la première réparation républicaine.
Cette convention a permis également de mettre à la disposition du Public guides et plaquettes destinées aux victimes dans les points d’accueil de police et de gendarmerie. Je veux rappeler à cette occasion que nous mettons à la disposition des victimes, aujourd’hui dans notre département, un réseau d’avocats locaux.
Mesdames, Messieurs,
Ce partenariat s’inscrit dans la droite ligne de l’idée que je me fais de la mission de la LICRA : être à la fois une sentinelle de la société et une force de proposition agissante, ceci dans un esprit d’indépendance et de collaboration avec les pouvoirs publics.
Croyez bien que le Président de la section de la LICRA la plus engagée dans la convention-cadre avec le Ministère de l’Intérieur entend pour sa part, agir pour que le laboratoire nîmois fasse « école ».
On me dit qu’il sert déjà d’exemple national.
Ce qui est expérimenté ici, à Nîmes, avec succès doit pouvoir fonctionner sur l’ensemble du territoire national.