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Cérémonie des vœux 2024 de la Licra – Discours de Mario Stasi, président de la Licra

Vœux de la Licra du 15 janvier 2024.

Chers amis,

« Je vous souhaite une très bonne année mais je n’y crois pas… »

On a souvent entendu cette formule dans la bouche de nos proches, pas tous et heureusement !

Nous nous sommes, en effet, plus ou moins habitués, depuis quelques années, à accueillir dans nos vies les catastrophes : terrorisme, pandémie, guerre, menace nucléaire, crimes contre l’humanité, crise environnementale…

Dans un curieux effet d’accélération et d’accumulation, avec le sentiment qu’un étau se resserre, nous voici confrontés à une somme de défis d’une ampleur mondiale dans leurs répercussions, avec le sentiment que leur règlement est hors de notre portée.

Comment trouver dès lors l’énergie et l’enthousiasme indispensables pour militer pour un monde meilleur, pour la paix et la justice, pour l’égalité réelle… tous ces objectifs qui sont les nôtres, militants antiracistes, toutes ces finalités adossées à des espoirs qui paraissent constamment contrariés, déçus, voire pire : illusoires !

Oui, vous l’avez compris, le 15 janvier, c’est le « Blue Monday », le jour que l’on dit « le plus déprimant de l’année ».

Et c’est ce jour que la Licra a choisi pour faire entendre des raisons… d’espérer. Car nous avons l’énergie et l’enthousiasme pour croire en une bonne année.

Certes, les théories sur l’effondrement de notre système se portent à merveille.

Comme les thèses sur le déclin de notre civilisation ou celles qui annoncent la submersion migratoire de l’Europe ou encore la subversion idéologique de nos démocraties.

Et pourtant, 72% des Françaises et des Français se déclarent heureux lorsqu’on les interroge sur leur rapport au bonheur. Et qu’est-ce que le bonheur sinon la capacité à se projeter collectivement dans l’avenir, à relever ensemble les défis auxquels nous sommes confrontés, à perpétuer les valeurs auxquelles nous sommes attachées, à défendre un idéal commun et à nous accomplir dans cet effort ?

Qui veut véritablement d’un monde où le survivalisme constituerait le seul refuge ? Où le communautarisme, de quelque obédience qu’il soit, apparaîtrait comme le seul horizon ?

J’ai toujours refusé le déclinisme et l’impuissance !

C’est dans la conviction de l’épaisseur de nos ressources morales, intellectuelles, de notre capacité à mobiliser les forces vives du militantisme, de la société civile tout entière et de l’engagement pour le bien commun, que je veux vous adresser tous mes vœux, au nom de la Licra, pour cette nouvelle année. Et j’y crois, profondément.

2023 s’est close sur une terrible guerre en riposte à un véritable pogrom commis sur le sol israélien par une organisation terroriste islamiste.

1200 hommes, femmes, enfants, personnes âgées ou invalides sauvagement massacrés, exécutés ; des femmes violées, mutilées… Près de 240 civils emmenés dans la bande de Gaza par les tueurs islamistes, parce qu’Israéliens, parce que juifs, parce que femmes.

Depuis le 7 octobre 2023, 41 franco-israéliens sont morts assassinés ; 136 otages demeurent aujourd’hui à Gaza, parmi lesquels trois Français. Victimes de traitements inhumains, dans l’indifférence coupable et cynique de certains responsables politiques, de certaines organisations humanitaires et d’associations féministes qui estiment que la vie d’un Israélien, d’une israélienne ne justifie pas la compassion, la mobilisation, la condamnation de l’antisémitisme…

Ceux-là défigurent à nouveau la République, dans des proportions alarmantes.

Alors je veux le dire, ce soir, avec force et avec celles et ceux qui se sont mobilisés au premier jour pour la dignité, la solidarité, avec le Président de la République également : « Bring them home now ! »,  « Ramenez les otages chez eux ! ».

La libération des otages est une priorité absolue, une revendication inconditionnelle. Nous voulons que cet appel résonne et étouffe les appels à la haine, le relativisme méprisable et les incriminations indignes de ceux qui, par le truchement de l’antisionisme, n’ont que la haine des juifs à la bouche et la plus coupable tolérance à l’égard des assassins qu’ils qualifient honteusement de « résistants ».

Nous formons également le vœu d’une relance du processus de paix au Proche-Orient, débarrassé des faiseurs de haine. Il n’y a qu’une seule solution géopolitique viable, indépassable : l’existence de deux États, côte à côte, l’un israélien, l’autre palestinien, garantissant la sécurité et le bien-être des peuples qui y vivent.

En attendant, nous devons faire entendre la voix de la dignité, du refus de la barbarie. Nous demandons qu’un hommage national soit rendu aux 41 victimes franco-israéliennes, et par définition tout aussi françaises que vous et moi.

Nous demandons à ce que ne plane pas sur ces victimes, l’insupportable soupçon qui pèse sur ceux qui ne sont pas tout à fait Français et qui, d’une manière ou d’une autre, auraient un peu mérité leur sort… Le 12 novembre dernier, des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes se sont levés contre l’antisémitisme. Il faut prolonger cet élan, refuser l’indifférence et l’oubli, qui pavent, on le sait, le chemin de l’enfer.

Les terrains d’affrontement et les sources de menaces, je l’ai dit, ne manquent pas.

L’Ukraine, c’est-à-dire la guerre et la paix en Europe, sur notre sol !

L’enlisement de la guerre en Ukraine, qui a subi, il y a presque deux ans, l’agression d’une Russie aux visées impériales, qui ne lasse d’inquiéter par ses prétentions territoriales et les moyens qu’elle met en place pour les concrétiser ;

Mais aussi le Haut-Karabagh meurtri et, il faut bien, le dire, oublié.

Quand on se prétend du côté des démocraties face aux dictatures, on le fait savoir… Pourquoi tant de silence en Europe et dans la communauté internationale ? La France a clairement choisi son camp, elle.

La répression en Iran où les théocrates continuent de rompre avec une société civile acquise au changement et de mener une répression féroce contre les femmes et les forces du progrès…  « Femme, vie, liberté », avons-nous crié en septembre 2022 ; « Femme, vie, liberté », avons-nous répété en 2023, notamment lorsque nous organisâmes, avec l’association Hamava et sa présidente, Nazila Golestan, une journée de solidarité avec le peuple iranien.  « Femme, vie, liberté », continuerons-nous de revendiquer, en 2024… tant le combat pour l’égalité des sexes incarne notre engagement universaliste, le refus de l’obscurantisme et des idéologies qui oppriment.

Je vous donne rendez-vous, ici même, vendredi soir : la Licra organise une soirée débat sur ces menaces que font peser les dictatures sur l’humanité et la paix dans le monde.  « Les stratégies d’influence de l’axe Téhéran-Moscou-Pékin : une menace pour les démocraties ». Inscrivez-vous, venez nombreux.

Depuis ses origines, la Licra a toujours combattu les dictatures, autant de régimes fondés sur l’inégalité et le mensonge. La discrimination est inhérente aux systèmes d’exploitation, d’asservissement et de contrôle qu’elles mettent en place. Toujours, elles ciblent des minorités, les persécutent et cautionnent des massacres, lorsqu’elles ne les organisent pas elles-mêmes.

Rien n’est plus insupportable aux régimes autoritaires que la liberté et les droits des peuples.

Usant et abusant de nos libertés fondamentales, les tyrans multiplient les opérations d’influence qui visent à déstabiliser les démocraties, à atteindre nos valeurs, à diviser les peuples, à les faire douter de leurs institutions et à affaiblir l’Europe… ils exploitent les médias sociaux, manipulent l’opinion, parlent à nos enfants….

Cette guerre contre les démocraties est d’abord une guerre contre la vérité. Et c’est au nom de la vérité que nous entendons agir, militer, nous mobiliser, afin que le populisme nourri de post-vérités et de démagogie ne vienne pas s’immiscer dans tous les recoins et sujets de notre vie démocratique.

Il en est un sujet, il en est une, une question centrale dans la construction de la France, de son identité et de sa culture… une question qui requiert un véritable débat, ouvert, documenté, digne, afin que l’opinion ne succombe pas aux discours mystificateurs et aux sirènes xénophobes : la question de l’immigration et de l’intégration, je ne sépare jamais l’une de l’autre.

Notre action doit être guidée par le devoir d’humanité et d’hospitalité, de générosité diront certains, guidée par le respect des grands principes républicains.

Mais c’est par la vertu d’un cadre cohérent, conciliant un contrôle efficace et une politique d’intégration ambitieuse, que la société française sera à même de s’adapter et de faire face à la diversité des flux migratoires.

Générosité de l’accueil, responsabilité de l’intégration… hors de toute naïveté.

Une année politique. 2024 sera une année politique, avec l’échéance des élections européennes au mois de juin prochain.

Que cette année soit l’année d’un sursaut face à la dérégulation des réseaux sociaux, pour que la démocratie soit mieux protégée.

Que la chose publique et l’intérêt général soient placés, en toutes circonstances, au cœur des préoccupations citoyennes et que leur réelle prise en considération conduise à l’affaiblissement des extrémismes qui grondent en France et partout en Europe.

Que les voix de la division, de la haine antisémite et du racisme s’éclipsent devant l’universalisme. Que l’esprit d’égalité et de solidarité qui s’affirment si régulièrement à l’occasion de multiples causes humanitaires s’impose à l’évidence de tous, faisant reculer le scandale des discriminations qui continuent de fragiliser le pacte républicain.

Que 2024 soit l’année du réarmement moral et intellectuel, de la volonté et du courage politique, de l’engagement citoyen.

Il n’y a rien de pire qu’un peuple indifférent, grande masse inerte et consumériste qui laisse toute la place, sur les réseaux sociaux ou dans les urnes, aux minorités d’extrémismes de tous bords, qui pour certains, n’ont qu’une visée : affaiblir jusqu’à rendre invisibles les valeurs de notre République laïque.

Sur tous ces chantiers, la Licra, ses sections, ses militants feront entendre leurs voix, et joueront leur partition aux côtés des citoyens, des élus, des militants associatifs ou des acteurs de la société civile :

À l’école, au collège ou dans les lycées, dans la culture, dans le sport amateur et professionnel, dans l’entreprise, dans les universités, information, éducation, formation, accueil des victimes, action judiciaire… Transmettre, accompagner, éduquer.

Soutenez la Licra, rejoignez-la, engagez-vous, avec vos compétences et soyez acteurs !

Je le fais parce que je le peux !

Ne laissons pas les ennemis de la liberté entamer l’optimisme individuel et briser les espoirs collectifs.

Face aux grands défis actuels, unissons nos efforts pour amplifier toujours l’engagement antiraciste et universaliste, pour une France généreuse, pour une Europe ambitieuse.

Avec conviction et sincérité, avec énergie et enthousiasme, je vous souhaite une très bonne année 2024.

Mario Stasi,
Président de la Licra

Agissons ensemble !

Le DDV, revue universaliste

N°689 – Le DDV • Désordre informationnel : Une menace pour la démocratie – Automne 2023 – 100 pages

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