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Licra NÎMES : passeur de mémoire au témoignage de Ginette Kolinka

A Nîmes, Ginette Kolinka l’une des dernières survivantes et rescapées d’Auschwitz Birkenau est venue témoigner mardi 18 octobre au lycée Daudet à Nîmes.

Ce témoignage s’inscrit dans un devoir de mémoire auquel la Licra Nîmes s’est associée, dans le cadre d’une émission proposée par Radio Aviva, avec le Collectif Histoire Mémoire, la région Occitanie, l’Académie de Montpellier ainsi que d’autres associations engagées dans le souvenir de la Shoah.
Dès sa prise de parole Ginette Kolinka interroge la salle, nous demandant notre avis sur des photos de jeunes tout à fait ordinaires et normaux. Ce sont celles de son frère et de son neveu.
Mais voilà, « … pour Hitler nous n’étions pas normaux car nous étions juifs, nous étions de la vermine qu’il fallait écraser. »

Dans l’auditorium du lycée, Ginette Kolinka qui a 97 ans, parle de sa voix grave et ferme devant une salle à l’écoute prête à recueillir son témoignage.
Au début de la guerre, elle vit à Paris avec sa famille. Ginette à 16 ans en 1940 et vit une enfance insouciante, c’est la plus jeune des six filles de la famille avec son petit frère.
La famille vit grâce au travail du père, artisan fabriquant d’imperméables qui est aidé des sœurs ainées. Il est également engagé au sein du parti communiste où il milite lorsqu’en octobre 1940 les lois anti-juives de Vichy sont promulguées. Un administrateur civil est imposé et réquisitionne le petit atelier. La situation familiale se dégrade et devient critique lorsqu’en 1942 ils sont dénoncés et prévenus d’une arrestation imminente. Vite il faut partir ! Se préparer à la hâte ! Brûler les cartes d’identités sur lesquelles la mention humiliante « juif » est apposée. Obtenir de faux papiers pour gagner la zone libre.
Le départ précipité conduit la famille vers Avignon en zone libre.
Mais le destin tragique les rattrape une nouvelle fois. Après quelques mois, ils sont de nouveau dénoncés et raflés le 13 mars 1944 destination Drancy.
Drancy était le lieu de transit où tous les juifs raflés étaient regroupés avant d’être déportés dans les camps de concentration et prioritairement Auschwitz Birkenau.
Ginette nous rappelle que Drancy était cet endroit où se trouvaient arrêtés « tous les représentants de l’humanité : enfants, bébé, soldats de la guerre de 1914… »
« Puis ayant tout abandonné on se retrouve sur un quai de gare. Les nazis nous disaient qu’on allait dans un camp de de travail… On doit monter dans des wagons vides sans fenêtres. Les portes sont verrouillées et nous voilà plongés dans l’obscurité pendant trois jours et trois nuits dans des conditions épouvantables en raison de la promiscuité, des odeurs de saleté. C’est une infection ! »
Ginette poursuit son récit. « Lorsque les portes s’ouvrent il faut descendre. Mon père qui est fatigué monte dans le camion avec mon jeune frère mais malheureusement ils seront gazés. Je reste seule avec ma mère et mes sœurs et nous devons marcher dans les champs, la boue en direction du camp dont les baraquements s’étendent à perte de vue. Je suis pourtant étonnée par les barbelés, les miradors et les bâtiments avec une cheminée d’où s’échappe de la fumée. Puis je me retrouve nu dans un bâtiment avec le n° 78599 tatoué sur mon bras.
Je suis alors à Birkenau où la peur était constante en raison de la sélection permanente et du supplice de l’appel qui commençait dès trois heures du matin et il fallait-être tout de suite dehors sans avoir le temps de se préparer. On était des esclaves, battus férocement à la moindre occasion.
En novembre 1944, je quitte Birkenau pour Bergen Belsen où je reste jusqu’en avril 1945 et je suis évacué par les alliés dans un état comateux ayant attrapé le typhus.
Mais Ginette est vivante et retrouve à l’issue de la guerre sa mère et ses sœurs. J’ai appris à ma mère la mort de mon père et de mon frère.
Il est impossible pour Ginette Kolinka de pardonner aux nazis car « ils ont tout mis en œuvre pour nous faire souffrir », elle nous rappelle également « qu’ils ont assassinés des millions de personnes parce qu’elles étaient juives. »
Ginette nous dit également que les mots ne suffisent pas pour décrire l’horreur des actes commis et la haine des nazis. »
Son témoignage bouleversant fait de nous, non seulement les témoins de son histoire mais également des passeurs de mémoire.
Plus que tout en écoutant ce récit, l’injonction hébraïque de « zakhor » souviens-toi et transmets demeure impérative et d’actualité.

Daniel BENFREDJ

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