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1 jour, 1 combat : 14 avril 1976 – Pol Pot, premier ministre génocidaire

Le 14 avril 1976, Pol Pot devient premier ministre du Cambodge. Depuis 1967, une guerre civile déchire le pays entre les communistes Khmers Rouges et les partisans du Royaume du Cambodge (devenue après 1970 la “République khmère”) soutenue par les Etats-Unis et la République du Vietnam (Sud Vietnam). Après une guerre civile de cinq années, des combats, des atrocité et une famine qui ont ravagé le pays, les Khmers Rouges entrent victorieux dans Phnom Penh et installent un nouveau régime. Les Khmers rouges mettent en place immédiatement un système dictatorial et totalitaire soumise au Parti communiste du Kampuchéa. Dans la première phase d’installation du régime, les cambodgiens ignorent l’identité et l’organisation même de leur nouveaux maîtres. Khieu Samphân, Hu Nim et Hou Yuon (rapidement exécuté) constituent la vitrine politique des Khmers rouges tandis que dans l’ombre, au sein du parti communiste, Saloth Sâr, qui deviendra plus tard “Pol Pot” tire les ficelles et tient le pays.

Dès l’été 1975, c’est en réalité une organisation criminelle qui écrase le pays : l’opposition politique est décimée, la vie privée abolie, la censure généralisée, la population catégorisée entre “peuple ancien” et “peuple nouveau” et soumise à un égalitarisme puritain, la liberté religieuse est anéantie, les moines bouddhistes étant contraint à se “défroquer” et à abjurer, des classes “suspectes” comme les intellectuels, sont désignés à la vindicte. Les livres sont brûlés et le port des lunettes est prohibé comme symbole d’une contamination de la culture occidentale. Les élites du pays, ingénieurs, médecins, avocats, enseignants sont décimés.

Au début de l’année 1976, le régime passe à la vitesse supérieure et décrète “la révolution démocratique “ qui vise à l’élimination physique des “sous-capitalistes”, soit des personnes possédant un capital financier ou intellectuel. Le pays se couvre se “centres de rééducation” où on emprisonne, torture et exécute. Dans l’ancien lycée Tuol Sleng de Phnom Penh, la police politique du pays, le “Santebal” installe son centre d’opérations : le S-21. Entre 1975 et 1979, 20 000 personnes trouveront la mort dans cette seule prison.

L’arrivée au pouvoir, dans la lumière de Pol Pot, coïncide en 1976 avec la proclamation d’un nouvel Etat, le Kampuchéa démocratique, et une nouvelle constitution à sa main. Le martyr du Cambodge ne fait que commencer.

En 1979, lors de la chute du régime, le bilan est effrayant : 1,7 million de morts, soit 21% de la population du pays de l’époque. Le régime a détruit 634 522 bâtiments, dont 5 857 écoles et 796 hôpitaux, centres de premiers soins et les laboratoires, 1968 églises, 108 mosquées. Le pays est exsangue.

En Europe, l’aveuglement de certains intellectuels donne aujourd’hui le vertige, à l’image d’Alain Badiou venant au secours du régime de Pol Pot le 17 janvier 1979 sous le titre vibrant de “Kampuchéa vaincra !”. Il dira, bien des années après, regretter ce texte.

Si Pol Pot et certains cadres de son régime ont été condamnés à mort par contumace dès août 1979 à la faveur d’un procès expéditif organisé par le nouveau régime, il faut attendre 1998 pour qu’une juridiction internationale, acceptée par l’ONU, dise avec les moyens du droit que “le crime de génocide était établi selon le droit international car le programme des Khmers rouges visait à établir une société athée et homogène en supprimant toutes les différences ethniques, nationales, religieuses, raciales, de classe et culturelles”.

Pot Pot serait décédé le 15 avril 1998 à l’âge de 72 ans à Anlong Veng au Cambodge. Dans sa seule interview filmée au journaliste américain Nate Thayer en 1997, il avait déclaré pour sa défense : “Regardez-moi. Est-ce que j’ai l’air violent? Pas du tout…”.

Agissons ensemble !

Le DDV, revue universaliste

N°689 – Le DDV • Désordre informationnel : Une menace pour la démocratie – Automne 2023 – 100 pages

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