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1 jour, 1 combat : 5 avril 1946 – Le Docteur Petiot condamné à mort

Dans la nuit du 4 au 5 avril 1946, il est à peine minuit quand les jurés entrent dans la salle de la Cour d’Assises de la Seine. Ils rendent une décision, qui à vrai dire, n’étonne personne. Le Docteur Petiot est condamné à la peine de mort pour 27 assassinats commis notamment contre douze juifs et de quatre proxénètes accompagnés chacun de leur prostituée. Les cas établis sont sans doute largement en deçà de la réalité : lors de son arrestation, Petiot revendiquait fièrement d’avoir occis 63 personnes.

Marcel Petiot est né en 1897 à Auxerre. Après des études de médecine interrompues par la guerre de 14-18, il ouvre son premier cabinet en 1922 à Villeneuve-sur-Yonne où sa réputation de bienfaiteur à l’égard des indigents auxquels il offre gratuitement consultations et vaccinations dispute à celle de mythomane et cleptomane bien connu des commerçants de la ville. Élu maire en 1926 puis conseiller général, il est révoqué de son mandat par le préfet de l’Yonne après de multiples affaires de fausses déclarations à l’assurance maladie, de détournements de fonds ou encore de trafic de son compteur électrique.

En 1933, il part s’installer à Paris où il ouvre un nouveau cabinet médical. EN 1936, arrêté à la librairie Gibert-Joseph pour vol à l’étalage, il se fait interner d’office à la Maison de la Santé d’Ivry où un expert psychiatrique conclut que cet homme était « un individu sans scrupules, dépourvu de tout sens moral ».

Ayant repris ses activités de médecin, il s’installe, en pleine Occupation allemande, dans un nouveau cabinet situé au 21, rue Lesueur dans le 16ème arrondissement de Paris, dans un hôtel particulier très proche de l’Arc-de-Triomphe. A partir de 1942, il s’improvise passeur pour l’Argentine et reçoit à son cabinet de nombreux candidats au départ pour échapper aux persécutions nazies. Il leur demande de venir la nuit avec des valises remplies de bijoux, d’espèces et d’argenterie afin de financer leur exfiltration. Pas un seul n’arrivera en Argentine.

Le 11 mars 1944, les passants et voisins de la rue Le Sueur sont saisis d’une odeur pestilentielle dégagée par la cheminée du Docteur Petiot. Intrigués, avec l’aide des pompiers, il est décidé de pénétrer à l’intérieur. A la cave, une chaudière s’est emballée. Autour d’elle, des cadavres dépecés en attente de leur crémation. Au fond de la cour, dans un débarras, un puit rempli de restes humains recouverts de chaux vive est découvert par la suite. Dans les pièces de l’appartement de Petiot, on trouve pas moins de « 72 valises et 655 kilos d’objets divers dont 1 760 pièces d’habillement, parmi lesquelles : 21 manteaux de laine, 90 robes, 120 jupes, 26 sacs à main, 28 complets d’hommes, 33 cravates, 57 paires de chaussettes, 43 paires de chaussures, et le pyjama d’un enfant ». Les enquêteurs arrivés sur place découvrent médusés des doubles portes capitonnées, une pièce triangulaire équipée d’un judas permettant d’observer l’agonie des victimes après leur avoir administré une dose mortelle de gaz ou de poison, sous prétexte d’un vaccin.

Petiot ayant eu vent de la découverte et absent lors de l’incendie a pris la fuite. Il s’engage alors dans les FFI sous le nom de « capitaine Valéry ». Arrêté après avoir commis une imprudence, il est identifié en octobre 1944 et renvoyé devant la Justice. Condamné à mort le 5 avril, il est guillotiné le 25 mai dans la cour de la prison de la Santé. Plusieurs thèses s’affrontent sur les motivations réelles de Petiot, d’autant qu’il n’a pas tué que des juifs : simple appât du gain l’ayant conduit à profiter des lois antijuives de Vichy pour dépouiller une clientèle vulnérable ou serial killer antisémite, thèse soutenue par Christian de Chalonge dans son film où Michel Serrault campe le rôle principal. Le fait est que Petiot a tué des juifs parce qu’il les supposait riches et a profité de leur désespoir devant les rafles ce qui, à tout le moins, est la marque de préjugés antisémites évidents et d’une inhumanité manifeste.

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Le DDV, revue universaliste

N°689 – Le DDV • Désordre informationnel : Une menace pour la démocratie – Automne 2023 – 100 pages

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