Par Mario Stasi, Président de la Licra.
Le 27 janvier est une date importante pour la LICRA.
Il y a 76 ans, Auschwitz était libéré et nous commémorons aujourd’hui la « Journée internationale de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité » instaurée par l’ONU en 2005.
Cette date, évidemment, soulève une émotion considérable au regard de ce qu’elle signifie : la Shoah, la catastrophe de la destruction des juifs d’Europe, auxquels il faut ajouter les Tsiganes, par les nazis. Depuis 76 ans, les fantômes de cette extermination nous hantent et nous plongent dans l’effroi d’un questionnement sans fin : comment ce crime contre l’Humanité a-t-il pu être possible ?
Il nous faut pourtant surmonter cette émotion, ou plutôt la transformer en énergie vitale pour faire reculer la haine, cette haine qui a conduit un jour à pousser des hommes, des femmes, des vieillards, des enfants dans une chambre à gaz pour le simple fait d’être nés juifs.
Cette haine porte un nom : l’antisémitisme.
Et en dépit du vertige d’angoisse qu’elle a pu donner à l’Humanité à la découverte de la Shoah, elle n’a pas disparu. Elle a changé de forme : elle se cache derrière le négationnisme, elle se travestit dans l’antisionisme, elle irrigue l’idéologie islamiste, elle empoisonne par complotisme, elle macère à l’extrême-droite. Mais elle est toujours là.
Alors si nous ne devions retenir qu’une chose en cette journée si forte et si symbolique, c’est que la résignation n’est pas possible. Nous avons des outils pour y parvenir. Utilisons-les !
La transmission, pour que chacun soit pénétré par l’Histoire et par la Mémoire et du chemin qu’il a fallu parcourir pour parvenir à la liberté et au droit de vivre.
La justice, pour que chacun sache que l’antisémitisme n’est pas une opinion mais un délit réprimé par les lois de la République.
L’éducation, pour que chacun, et en premier lieu notre jeunesse, soit insensible aux sirènes de la haine des juifs qui prolifère, notamment et impunément, sur les réseaux sociaux.
Le 18 juin 1943, Pierre Brossolette soulevait le coeur de l’Albert Hall à Londres en rendant hommage aux morts de la France Libre : « Convoqués au banquet sacré de la mort, ce qu’ils nous demandent ce n’est pas de les plaindre, mais de les continuer. Ce qu’ils attendent de nous, ce n’est pas un regret, mais un serment. Ce n’est pas un sanglot, mais un élan. »
Je forme le voeu que, de la même manière, à la LICRA, nous soyons capables, en pensant aux victimes de la Shoah, de ce serment et de cet élan.
Mario Stasi
Président de la LICRA
Très beau texte. On ne répétera jamais assez que “l’antisémitisme n’est pas une opinion mais un délit”; et au-delà de cette réalité juridique, une erreur et une horreur morales. N’oublions jamais en ces temps où il connaît un sinistre regain, empruntant de nouveaux relais et irriguant des discours en apparence divers, mais en réalité unis dans cette seule et même haine morbide qui forme leur seul propos véritable sous des noms variés. Flavien Bertran de Balanda, chercheur en histoire des idées politiques.