ActualitésCommuniquésHarkis : ni « trahison », ni « collaboration ». À propos du rapport de la CNIH

Harkis : ni « trahison », ni « collaboration ». À propos du rapport de la CNIH

La Licra salue la parution d’un rapport pour 2022 à l’intention de la Commission nationale indépendante de reconnaissance de réparation des préjudices subis par les harkis (CNIH), la République faisant ainsi effort, sur le long parcours d’une histoire douloureuse quant à laquelle elle reconnaît enfin sa responsabilité, pour caractériser la spécificité des insultes et violences contre les harkis : s’avançant ainsi vers un rapprochement juridique et pas seulement juridique avec la situation du racisme en général.

Elle ne peut cependant que marquer son étonnement devant la fausse note représentée par l’annexe 4, fausse note à deux égards : d’une part du fait de la présence de certains termes, l’auteure de cette annexe ayant employé des mots comme « trahison » ou « collaboration », mots qui ne sont malheureusement pas récusés dans la rédaction qui suit, son auteure maintenant au contraire l’équivoque en prétendant interroger sur les raisons de la trahison – comme si cette dernière était comme telle avérée et qu’il ne s’agissait plus dès lors que d’aider à la comprendre ou au mieux à l’excuser. L’autre fausse note est plus profondément l’inadmissible posture intellectuelle d’une historienne qui confond histoire et idéologie, ne laissant aucune place à la possibilité pour l’historien d’avoir vis—à-vis du fonds documentaire à sa disposition (mais de ce fonds il n’est d’ailleurs pas question) une attitude critique de chercheur. Cette posture, qui semble confiner la recherche historienne algérienne dans des partis-pris idéologiques, transforme par là-même les « harkis » en une masse indifférenciée et sans histoire, au mieux livrée à l’excuse des circonstances atténuantes : bref, à la situation d’une population déshumanisée renvoyée comme telle à l’abjection On aurait pu espérer que la Commission ne reprenne pas ainsi à son compte, dans le moment même où elle voudrait aider à s’en libérer, les éléments les plus ordinaires de la diffamation contre les harkis.

La Licra, qui a toujours associé la question harkie à sa réflexion sur le racisme se demande s’il ne faut pas, à défaut de supprimer l’annexe 4 du rapport, en modifier significativement les termes afin de dissiper une équivoque dont on perçoit bien qu’elle est de nature à blesser une fois de plus inutilement et injustement la sensibilité d’une population tellement marquée par l’histoire.

Agissons ensemble !

Le DDV, revue universaliste

N°689 – Le DDV • Désordre informationnel : Une menace pour la démocratie – Automne 2023 – 100 pages

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