Avignon 2019 – Episode 10
Lorsque l’on a seize ans en 1942 et que, jeune juif de Constantine, on est expulsé du lycée en perdant la nationalité française, du fait des lois antisémites de Pétain qui s’appliquent aussi en Algérie, comment peut-on redevenir Français à part entière trois ans plus tard, lorsque l’armée a besoin de soldats pour contribuer à libérer la France ?
C’est pourtant le cas de Jacob, mobilisé à des milliers de kilomètres de sa terre algérienne natale, arraché au soleil de son enfance et à l’amour inconditionnel des femmes de sa famille.
Ignorant sa destination finale, Rachel, sa mère analphabète, modeste, et jusque là soumise aux traditions machistes des lieux et de l’époque, soudain intrépide, entreprend un long voyage de garnison en garnison, jusqu’au fin fond de l’Algérie, chargée de paniers des victuailles préférées de son fils, afin de le retrouver…
En quelques mois à peine, Jacob, sur le front alsacien, soudain confronté à l’humiliation, au racisme, connaîtra brièvement l’amitié, l’amour, la peur et la mort…
Dyssia Loubatière a opté pour un découpage audacieux et judicieux du texte fort de Valérie Zenatti, faisant appel à un décor d’une grande sobriété, qui laisse toute son intensité au récit. On y sent tout autant les odeurs et les saveurs d’un pays d’enfance perdue que la cruauté et l’inanité de la guerre, un moment émouvant grâce à l’interprétation magistrale de la mère par la comédienne, Christiane Cohendy, très justement accompagnée par le jeune et sensible Florian Choquart, dans le rôle de Jacob. Une pièce de théâtre à ne pas manquer !
Noëlle et Georges Bouanha, Licra Auvergne Rhône-Alpes