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Licra DIJON : Hommage à Emmanuel Zenou

Chère Sylvie, chère Delphine,

Je ne sais quels messages peuvent aujourd’hui vous parvenir, ni si celui-ci vous parviendra, ni comment. J’imagine seulement la détresse qui est la vôtre. Après la mort de David il y a quelques mois, maintenant celle d’Emmanuel survient, insupportable, injuste, épouvantable. Pas de mots qui puissent être ici adéquats.

Tout ce que je peux essayer de  balbutier, pour l’instant, est pour toi, Sylvie, pour toi Delphine, pour vous tous, l’expression de ma compassion, afin d’accompagner si cela était possible – et  je sais bien que cela ne l’est pas – cette désolation.

Je repense à “avant”, à ce temps où nous nous croisions, heureux – et sans assez savoir que nous l’étions – dans les «rencontres Licra», où j’encaissais avec amusement les remarques mi-sévères, mi-rigolardes, de David (rigolardes, oui, et surtout  tellement, tellement, gentilles par-delà leur humour : David était la gentillesse personnifiée, avec toi, Sylvie, en témoin souriant, qui en rajoutais, encore et encore, comme si c’était possible, dans la gentillesse) ; et aussi, je veux l’évoquer aujourd’hui, tout ce qu’Emmanuel avait entrepris, par rapport à la Licra, pour la Licra, mais également je crois parce qu’il y avait son père et sa mère, et que, le père, la mère, c’était pour lui comme un appel, une sorte de devoir, non formulé de piété filiale :   des conférences, abritées dans l’Ecole (trois si je me souviens bien, l’une avec Patrick Lozès, alors président du Cran, sur «la question noire en France», une autre avec l’historienne spécialiste de l’Afrique, Catherine Coquery-Vidrovitch, sur les routes de l’esclavage, une troisième avec Christophe Dejours, médecin, psychanalyste, philosophe, profond penseur de la question du travail,  sur la «souffrance en France»).

Tout cela à l’Ecole de commerce, et y ayant profondément sa place. Et tout cela au nom de la Licra où, ainsi, Emmanuel imprimait profondément une marque très humaniste.

Et puis encore cette entreprise qui nous a tous occupés pendant près d’un an, et pour laquelle il s’était entremis et démené sans compter, l’organisation de la Convention de 2009 de la Licra.

On se demandait d’ailleurs s’il n’allait pas se  porter candidat, après le départ de Daniel Lefebvre, à la présidence de la section, et puis non, il a reculé, sollicité par tellement de choses, son métier, l’Ecole de commerce, et puis, avant tout et je crois surtout, Maya et Nathan, ses enfants…

Tout cela est aujourd’hui passé, devenu du passé, mais c’est néanmoins ce qui reste, plus que jamais, pour moi, pour nous tous les amis de la Licra : du passé pour nos vies qui passent tellement vite maintenant, et où nous savons (en tout cas c’est ce que j’essaie de me dire, chaque fois qu’il arrive comme à présent que l’on soit dévasté par l’événement)  ou bien aurons un jour la force de le savoir – parce que notre force sans force (une force immense pourtant)  justement tient à cela, et que c’est toute notre affection qui tient à cela – cette certitude que les disparus sont là, toujours et pour toujours avec nous, que le passé vécu avec eux n’est pas passé – qu’il n’est même pas un passé, mais demeure sans mourir, tel un éternel présent.

Sylvie, Delphine, David, Emmanuel, Maya, Nathan, vos noms, vos vies, mêlés aux nôtres, nous le déclarons, nous vous savons là, nous sommes là. 

Alain David

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N°689 – Le DDV • Désordre informationnel : Une menace pour la démocratie – Automne 2023 – 100 pages

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