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Auschwitz-Birkenau Les commémorations à l’heure de la transmission

Le 27 janvier 1945, l’armée rouge entrait dans le plus grand camp concentrationnaire du XXème siècle. Auschwitz- Birkenau.

Un million cent mille hommes, femmes et enfants ont péri, victimes de la folie nazie et de sa solution finale. 90 % d’entre eux étaient juifs ;

75 ans après la libération de ce camp d’extermination, ces commémorations de 2020 ne ressemblent plus à celles des années précédentes. La cause : une réalité. Des 2500 survivants d’Auschwitz Birkenau, moins de 200 sont encore en vie. Les témoignages disparaissent au fil du temps, avec la peur de l’oubli.

« Zakhor : Souviens-toi ! »

Marek Halter

C’est une des craintes de Marek Halter, survivant du ghetto de Varsovie.  La première fois que l’écrivain est venu à Auschwitz, c’était en 1946, « la terre polonaise sentait encore la mort ». Une visite avec Primo Levi et Elie Wiesel. Tous deux rescapés d’Auschwitz, aujourd’hui disparus. Simone Veil – elle aussi déportée à Auschwitz-Birkenau, n’est plus.

Les témoins s’envolent avec leurs récits.

 La Bible hébraïque dit qu’il faut 75 ans à l’histoire pour devenir mémoire.

Par 173 fois, on y trouve l’injonction « Zakhor -souviens toi !  rappelle Marek Halter.  « C’est important de se souvenir, sinon on répète constamment les mêmes crimes. Mais si seuls les Juifs se souviennent à quoi ça sert ? Il faut que les non Juifs se souviennent aussi. Ils sont 7 milliards, alors qu’il y a 14 millions de Juifs. Si on n’arrive pas à associer les Musulmans, les Catholiques, les Protestants, les Hindous, les Bouddhistes à cette leçon de l’histoire, on oubliera que des gens cultivés ont massacré 6 millions de Juifs et pendant cette seconde guerre mondiale, 75 millions d’individus. C’est seulement avec l’aide des autres qu’on préserve la mémoire, car ici ce ne sont pas seulement des corps qui sont ensevelis, c’est une civilisation, des gens qui parlaient la même langue que moi, le yiddish. La mémoire, c’est une référence constante, quotidienne, c’est plus fort que l’histoire, qui se trouve dans les livres qu’on lit ou que l’on ne lit pas.  Or la haine est là. La haine de l’autre différent, Musulman, Juif, Noir, homosexuel, femme, homme etc… Si on a cette référence commune, on combattra cette haine. Sinon il y aura d’autres camps encore, plus grands, plus perfectionnés, avec encore des millions de morts et ce n’est pas ça notre rêve collectif. »

Partager cette leçon d’histoire

Ils étaient une cinquantaine d’imams et représentants religieux musulmans à  faire  le déplacement. Arrivés la veille d’Ouzbékistan, du Kazakhstan ou encore d’autres ex républiques soviétiques d’Asie centrale, la visite d’Auschwitz est une première pour eux. Grandis dans des pays où l’antisémitisme est profondément ancré et le négationnisme une contre vérité partagée, ils découvrent avec effroi la réalité du camp d’extermination. « Ce qui m’a le plus impressionné c’est que les Juifs qui arrivaient ici, ne savaient pas qu’ils allaient mourir. Quand vous êtes dans ce camp de la mort, vous ressentez un vrai choc. À commencer par la visite des salles relatant leurs quotidiens glaçants » confesse Marat Kavayev, président de l’association internationale des entreprisesmusulmanes, qui allient business et valeurs de l’islam. Un voyage, prise de conscience. Pour Marat Kavayev, seuls remèdes pour lutter contre la résurgence de l’antisémitisme- éduquer et enseigner les vraies valeurs de l’islam, où la haine des Juifs n’y a pas sa place.

La musique au service de la mémoire

Nathalie Romanenko

Faire résonner la musique des compositeurs morts à Auschwitz Birkenau, fut l’un des événements majeurs de cette 75ème commémoration.  À l’initiative, une association « Extraordinaria Classica »et de sa présidente, la pianiste d’origine ukrainienne Nathalia Romanenko.

Pour redonner vie aux œuvres sacrifiées des compositeurs comme Victor Ullmann. Ce musicien viennois, ami de Mahler et de Schönberg a été gazé à Birkenau, quatre jours après avoir terminé la création de son concerto pour piano et orchestre. Un concerto dont les partitions ont été miraculeusement retrouvées dans le camp de Theresienstadt, l’antichambre d’Auschwitz-Birkenau.

Retrouver ce wagon de Drancy, ici à Auschwitz émeut l’Imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, qui vient pour la première fois  dans ce camp de la mort.

« Tous les jours à Drancy, avenue Jean Jaurès, je vois un wagon similaire… maintenant je vois où ces wagons arrivaient… « L’horreur absolue, immonde, « Comment l’homme peut-il perdre son âme, son cœur ? « Être ici est essentiel pour moi, l’humanité a une tâche noire, chaque homme est concerné. A Auschwitz, j’ai le sentiment de marcher dans les traces de toutes ces victimes. J’appelle à venir ici. Sentir, voir comment on a implacablement exterminé six millions de Juifs. Pour résister, car le risque est toujours présent. Le racisme monte aussi chez les Musulmans. La Shoah n’a rien à voir avec la politique israélienne et le conflit israélo- palestinien, il ne faut pas mélanger.  Parlons de ce génocide dans notre presse arabe, prenons conscience de ce qui s’est passé, c’est comme ça que nous lutterons contre tous les racismes, y compris celui contre les musulmans ».

Texte et photos de Sophie Rosenzweig

Envoyée spéciale à Auschwitz pour Arte, militante de la Licra Bas-Rhin.

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