Au cinéma dès le 24 janvier.
Bellisha (Michael Zindel) vit en banlieue avec sa mère Gisèle (Agnès Jaoui). La synagogue a fermé, ainsi que la dernière épicerie casher. Ils sont les derniers juifs de la ville. Partiront, partiront pas ? Cette comédie fait parfois penser à l’Émile Ajar de La Vie devant soi (il y a du Madame Rosa dans Mme Bellicha) ou aux Valeureux d’Albert Cohen (dans toutes les scènes où Bellicha s’invente un personnage de vainqueur ou de champion pour éblouir et rassurer sa mère). La satire est très efficace, par exemple lorsque l’adjoint au maire cherche à donner une image flatteuse de sa ville, jusqu’à vouloir prendre une photo « interconfessionnelle » dans la synagogue sans préciser qu’elle est en réalité fermée. Si l’hostilité aux juifs est présente (des cambrioleurs laissent un tag « rien à foutre de la Shoah », un électricien refuse d’entrer chez les Bellisha car il a peur de la mézouza sur la porte…) mais c’est l’humour qui l’emporte, un humour désabusé ; et parfois l’autodérision, comme lorsque Bellicha s’exerce à dire avec assurance qu’il est juif, dans l’attente des questions que ne manqueront pas de lui poser les clients auxquels il veut fourguer ses pompes à chaleur. Les deux acteurs principaux sont excellents.
Abraham Bengio
Président de la commission culture de la Licra