Vendredi 27 septembre, la LICRA et la Protection judiciaire de la Jeunesse ont organisé au Tribunal de Grande Instance de Lyon un moment de restitution du projet « Mémoire et citoyenneté » construit depuis plus d’un an avec le Centre d’action et unité éducative en milice ouvert de Vaise.
Le projet « Mémoires et citoyenneté » est né d’un constat des éducateurs après les attentats de 2015 : celui de la prolifération parmi les jeunes, de propos complotistes, négationnistes, antisémites et racistes. La réalité montrait également que la persistance de ces préjugés reposait sur un manque de culture et la méconnaissance totale de l’histoire. La LICRA et la PJJ ont alors entrepris de confronter ces jeunes à la réalité de l’Histoire, aux enjeux de mémoire et à la nécessité de comprendre les mécanismes qui conduisent à ces dérives. L’objectif était enfin qu’une fois ces jeunes sensibilisés, ils auraient à coeur, auprès de leur pairs et de leurs proches, de reproduire cette parole argumentée et raisonnée pour lutter contre les discours de haine dès la racine.
Témoignage et transmission
Le projet a été construit autour du témoignage et de la transmission. Les adolescents Abdessamed, Islam, Yacine, Cameron, Calvin et Mounsef ont ainsi fait la rencontre de Claude Bloch, interné dans la baraque aux Juifs à la raison Montluc et déporté vers Auschwitz via Drancy à l’âge de 15 ans. Après une année de dialogue, de rencontres, de débats autour de la pièce « Djihad » ou du film « Un sac de billes », de visites au Musée Mémorial de la Maison d’Izieu, au Camp des Milles, à la Tata sénégalaise de Chasselay, au Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon, au Mémorial de la Shoah, au Mémorial de Drancy, les jeunes se sont rendus à Auschwitz les 29 et 30 mars 2018, avec Claude Bloch et Patrick Kahn, chargé de mission de la LICRA auprès de la PJJ.
De ce voyage et de cette année de travail, les jeunes ont restitué, avec leurs mots, leurs sentiments et surtout leurs certitudes. A travers un film et une exposition, ils ont fait un pas dans la bonne direction : celle de la raison, de la mémoire et de la fraternité. Assurément, à écouter leurs témoignages et ceux de leurs éducateurs Lila Hamdi, Yacine Laïeb et Lisa Vitérisi, rien ne sera pour eux jamais plus comme avant et ils joueront, à des degrés sans doute différents et là où ils se trouveront, le rôle d’ambassadeurs de la lutte contre le négationnisme et l’antisémitisme. Et certains n’oublieront pas les mots de Claude Bloch ou ceux de Madame Akierman, enfant cachée dont le récit les a bouleversés.