Avignon 2019 – Episode 15
Voilà un spectacle qu’on prend comme un coup de poing dans le plexus. C’est un cri d’alerte : des millions d’enfants dans le monde, et notamment en Amérique latine, vivent dans la rue, comme Betún (« cirage » en espagnol).
C’est un spectacle sans paroles (à peine entend-on à deux reprises Betún appeler sa maman en rêve) mais en musique, joué par deux comédiens, qui portent des masques dont ils changent assez souvent, tout en mimant l’action : des scènes de rue, parfois assez violentes comme le viol de Betún par un homme qui fait deux fois sa taille (suggéré plutôt que montré) et des scènes oniriques.
On sort du théâtre ému et révolté par les malheurs du pauvre Betún, qui souffre de la faim, de la soif, du froid, des violences exercées contre lui mais surtout peut-être de la solitude : sa quête désespérée du lait de la tendresse humaine (Shakespeare, Macbeth) ne peut laisser aucun spectateur indifférent.
Allez voir Betún : vous n’en sortirez pas indemne.
Abraham Bengio