ActualitésMémoire & HistoireLe 9 décembre 1872, est élu gouverneur le premier afro-américain des Etats-Unis

Le 9 décembre 1872, est élu gouverneur le premier afro-américain des Etats-Unis

Pinckney Benton Stewart Pinchback naquît à Macon (Géorgie) le 10 mai 1837 ; fils d’un planteur blanc, William Pinchback, et d’une ancienne esclave, Eliza Stewart (d’ascendance africaine, cherokee, galloise, et allemande). Il étudiera à la Gilmore High School de Cincinnati. Il quittera la ville après la mort de son père en 1848, craignant que sa famille paternelle ne le réduise à l’esclavage. Il travaillera alors comme portier dans un hôtel, puis comme barbier à Terre Haute (Indiana) ; il y épousera, en 1860, Nina Emily, future mère de ses enfants.

En 1862, lors de la Guerre de Sécession, Pinchback rentrera discrètement à La Nouvelle-Orléans ─ il en était parti avec le statut d’esclave en fuite ─ après l’entrée des troupes unionistes victorieuses. Il lèvera une troupe de volontaires afro-américains, dans le cadre de la politique d’occupation et de changement socio-politique du gouverneur militaire Benjamin Franklin Butler. Pinchback deviendra capitaine du nouveau 1st Louisiana Native Guards, alors que le capitaine André Cailloux, un créole Noir libre, est nommé à la tête de la compagnie E : ils seront parmi les 1ers officiers de couleur de l’armée de l’Union. Grâce à l’affluence d’esclaves demandant à s’engager, deux autres régiments sont créés, et Pinchack y sera muté comme capitaine de la compagnie A au 2cd Native Guards.

Butler est remplacé en décembre 1862 par Nathaniel Prentice Banks ; le nouveau gouverneur militaire ne veut pas d’officiers Noirs, et entreprend à leur encontre une politique de discrimination (passe-droits, refus d’avancement et harcèlements divers) qui atteint partiellement son but : les officiers du 2cd Native Guard démissionneront, alors que la plupart des officiers de couleur du 1st et 3rd Native Guards se maintiendront à leur poste. Le capitaine André Cailloux se fera tuer héroïquement, à la tête de ses hommes, lors du 1er assaut pendant le siège de Port Hudson.

Après guerre, Pinchback retournera à La Nouvelle-Orléans pour devenir membre actif du Parti républicain ; participant aux conventions de l’État de Louisiane pour la Reconstruction. En 1868, il organisera le Fourth Ward Republican Club. Cette même année, il sera élu sénateur à l’assemblée législative de Louisiane, où il sera président pro tempore du sénat. En 1871, il deviendra lieutenant gouverneur par intérim, à la suite du décès d’Oscar Dunn, qui fut le premier afro-américain élu à ce poste dans un État américain. En 1872, à la suite de l’impeachment du gouverneur Henry Clay Warmoth. Pinchback deviendra, le 9 décembre, le premier gouverneur afro-américain des États-Unis.

Pinchback en 1911. Illustration published in “My Larger Education; Being Chapters from my Experience” de Booker T. Washington, 1911

Après son bref mandat de gouverneur, Pinchback restera actif en politique ; aux élections de 1874 et 1876, il sera élu successivement à la Chambre des représentants, puis au Sénat. Le résultat des deux élections seront contesté ce sera finalement ses opposants démocrates qui obtiendront le siège. Pinchback est membre du Louisiana State Board of Education (conseil de l’éducation de Louisiane) et contribue à la fondation de la Southern University, l’une de ces institutions d’enseignement qui, avant 1964, étaient créées pour servir la communauté noire. L’université sera déplacée à Baton Rouge en 1914 ; Pinchback sera ensuite membre de son conseil d’administration. En 1882, le président républicain Chester A. Arthur nomme Pinchback “Surveyor of Customs” (questeur des douanes) de La Nouvelle-Orléans. En 1885, il étudiera le droit à la Straight University, puis admis au barreau en 1886. S’installant ensuite à New York pour y travailler en tant que marshal, il partira ensuite pour Washington DC afin d’ouvrir un cabinet d’avocat.

Pinckney Pinchback mourra à Washington D.C., le 21 décembre 1921, puis enterré au Metairie Cemetery, près de La Nouvelle-Orléans. 

Dernier pied-de-nez symbolique et post-mortem émancipatoire : son mandat de gouverneur lui valut d’y être enterré alors même que le cimetière, sous le régime de la ségrégation, était réservé aux Blancs.

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